Si je vous dis que pendant mes vacances, je suis parti faire le tour des cirques, vous allez me voir immédiatement avec un nez rouge, un chapeau pointu et un pantalon à carreaux !

Que nenni les amis, ce Tour des Cirques là, se passe dans les Pyrénées, fin Août.

Le déroulement est bien souvent le même, en début d'année les inscriptions, quelques courses de préparation, des semaines d'entrainement, pour se retrouver le jour J au départ avec une boule au ventre….

09H00, Vendredi 21 Aout, Piau Engaly, un peu plus de 564 trailers (644 inscrits) sont accueillis à bras ouverts pour en découdre avec les 120 km / 7000m D+ de cette 2ème édition du Tour des Cirques, une des 3 épreuves du Grand Raid des Pyrénées avec Le Grand (80 Km) et l'Ultra (160 Km).

Piau- Gèdre : 24,8 Km / 1500m D+Départ de Piau Engaly

Après un tour de 8 km autour de la station de Piau-Engaly, et un passage à 2492m, nous repassons par le départ, pour un 1er point d'eau. La météo est avec nous, ciel bleu, pas un nuage à l'horizon, la journée s'annonce chaude. Mais ayant mal serré ma chaussure gauche, je me retrouve déjà avec une cloque sous le talon gauche, qui me lance à chaque pas, c'est-à-dire un peu tout le temps…

Une fois mis en jambe avec cet amuse-bouche, nous prenons le chemin du passage au "Port de Campbieil" (2596m), et là le ton est donné : Ce sera du caillou, de la caillasse, voir quelques pierres !

J'ai l'impression que la courbe de température suit celle du dénivelé, plus on monte, plus il fait chaud. Une fois arrivé en haut de Campbieil, coup d'œil en arrière et là WHOUAAAA c'est beau, les paysages Pyrénées sont toujours aussi beaux. On attaque la descente  vers le premier point de ravitaillement de Gèdre, une descente interminable sous le soleil, il fait environ 30/32° arrivé à Gèdre, il est 13h49'. C'est l'hécatombe, j'ai rarement vu sur un ravito autant de coureurs malades, ça vomit de tous côtés et malheureusement je ne suis pas loin d'en être.
Les jambes flageolent, mal à la tête, au ventre, chaud, très chaud. Je pointe et je m'assoie (je tombe) au pied d'un mur à l'ombre, 10mn au frais. Je me lève (traine) jusqu'au point d'eau, je m'arrose, je mouille buff et casquette sur la tête. J'essaie de manger un peu, un verre de coca tendu par Sabine (femme d'un copain engagé aussi sur le 120Km) me fera du bien.
Christian mon compagnon de chambrée pour le week-end, me rejoint également, il a l'air beaucoup plus frais que moi. Je repars après environ 35' de pause, je n'avais pas prévu autant de temps d'arrêt sur le 1er ravito.

Gèdre – Refuge d'Espuguettes : 40,7 Km / 3037 D+

Source de Hount de ClouzetLe départ vers le point d'eau du "Hount de Clouzet" est terrible. 670m de D+ en 3,5 km (19% de moyenne), je n'ai jamais croisé autant de coureur faire demi-tour sur une course, nous sommes pourtant à l'abri dans un sous-bois, mais il fait très très chaud. Je monte au train, je m'arrête pour discuter avec Oliver (trailer Normand de la Boussole Gonfrevillaise), il n'est pas bien non plus, un coup de chaud de plus. Christian me rejoint et je repars avec lui, ça monte doucement jusqu'à à la source du "Hount de Clouzet", oufff un sacré morceau de fait.

Mais maintenant nous sommes à découvert et le soleil tape dur ! Je commence mon rituel de toute la fin de journée. Buff et casquette dans l'eau (source, rivière, lac, etc..) et hop le tout sur la tête et la nuque, ça dégouline et ça refroidit la mécanique qui surchauffe sévère !
Nous passons ensuite par Gave d'Estaubé et son barrage, pour prendre la direction de la Hourquette d'Alans (2430m), je me refais un peu la santé dans la montée, et là je retrouve  Christian en mauvaise posture, allongé dans l'herbe envie de vomir, de dormir, ça continu le soleil fait son travail !

Je quitte Christian pour prendre le chemin du sommet, j'y arrive vers 18H30, le soleil se couche sur la vallée de Gavarnie, c'est splendide. En bas le Refuge d'Espuguette, prochain point d'eau, 2 km de descente dans la caillasse, avec ma cloque chaque cailloux se rappelle à moi, les derniers mètres sur l'herbe me donne l'impression de courir sur de la moquette, le bonheur. Un plein d'eau, un bout de saucisson et j'attaque la magnifique descente vers Gavarnie.

Refuge d'Espuguettes  - Gavarnie : 49,9 Km / 3258 D+

La descente d'Espuguettes se fait sans trop de mal, un des chemins les moins caillouteux du parcours, à travers les bois, il fait un peu plus frais (20/22°) et le spectacle dans le cirque de Gavarnie est splendide ! La Grande cascade de Gavarnie (423m de hauteur) au coucher du soleil, vaut sans problème le détour, même par les chemins empruntés jusqu'ici. Je pointe à l'Hôtellerie du Cirque à 20H18' et redescend vers Gavarnie accompagné d'un membre du forum Kikourou (Jack) . Rencontre très sympathique !

Gavarnie – Trimbareilles : 66,6 Km / 3951m D+ Grande Chute de Gavarnie

Arrivé à Gavarnie à 20H57', je me change pour la nuit, je me ravitaille correctement (Soupe + Pâtes, pain, jambon, fromage, fruit secs). Christian me rejoint, il va mieux son coup de chaud est passé, Olivier également à meilleur tête, nous espérons tous que la nuit soit fraîche. Nous repartons avec Jack, direction Trimbareilles, une partie pas trop difficile sur le papier.

Je suis sur un bon rythme, je cours une bonne partie du début de parcours, ça grimpouille, j'ai les jambes qui vont bien, il fait nuit, mais il fait toujours chaud. Pour ma première nuit complète en montagne, le spectacle est splendide. Nuit étoilée d'un côté, éclairs d'orage de l'autre, les lumières de la ville en bas dans la vallée, je fais une pause sur la crête de Pouey-Boucou. Je sors une barre, un peu d'eau et hop le vomito instantané, super, il ne me manquait plus que ça. Je repars et continue mon ascension, puis j'attaque enfin la descente vers Trimbareilles.

Ce sera la partie la plus difficile pour moi sur cette course, cette descente n'en finit pas, succession de racines, de cailloux (encore et toujours), il fait nuit, j'en ai MARRE DE MARRE, à chaque virage, encore de la descente, je n'en vois pas le bout !! Raz le bol de cette course !!! Je trébuche plusieurs fois, je chouine, je ronchonne. Jack me rattrape dans la descente, il a l'air en forme, malgré une cheville en vrac. Enfin j'arrive au ravito de Trimbareilles, le moral au fond des baskets. Mais comme à chaque fois, que l'idée de mettre le clignotant me frôle l'esprit, je me pose, garde mon dossard, me ravitaille et attend un peu.

Christian arrive peu de temps après moi. Nous calculons environs 3H30 pour les 10 Km jusqu'à Luz St Sauveur et sa base de vie. Cela nous donnera le temps de nous reposer, manger et pour moi de me faire soigner le talon après presque 21H de course.

Trimbareilles – Luz St Sauveur : 76 km / 4557m D+

Nous ne mettrons "que" 2H50 pour rejoindre Luz St Sauveur, seul le début de parcours est un peu compliqué, le reste se fera assez "facilement".
Arrivé à la base de vie, il est 5H50, la barrière horaire de sortie est à 8H00, on se donne 1H30 de pause, histoire de garder une marge sur les barrières horaires. Je récupère mon sac de rechange, enfile des affaires propres et me rends à la salle de soins (la cour des miracles) me fais soigner l'ampoule, me fais masser les cuisses. Christian est parti faire un somme, je n'ai pas sommeil je reste à table pour bien me restaurer tranquillement.

Luz St Sauveur – Tournaboup : 88,2 Km / 5350m D+

7H25, top départ pour la fin de parcours, maintenant c'est (presque) sur, ça ira au bout !
Cette partie est assez roulante, pas trop de D+, nous adoptons un bon rythme de marche pour rejoindre Tournaboup, quelques coureurs du 160 Km nous dépassent, impressionnants de facilité. Nous arrivons enfin sur la route du Tourmalet, Tournaboup nous voilà !

Il fait toujours aussi beau, un peu moins chaud. Un bon petit ravito à 10H15, comme d'habitude le combo : Soupe+Pâtes, Jambon, Pain, Fruits sec. Le plein d'eau (Je n'ai jamais autant bu d'eau sur un course, le litrage doit être énorme). Nous pointons  à la sortie à 10H33' soit 29' d'arrêt. Les bénévoles sont toujours aussi sympas et serviables, un vrai bonheur.

Tournaboup – Cabane d'Aygues Cluses : 98,1 Km / 6377m D+

Nous repartons ensemble vers le col de Tracens, seul morceau que je ne connais pas sur cette fin de parcours, commune au 80 et 160 Km mais avec un col de plus pour nous, merci c'est trop gentil !

Christian a encore une bonne patate pour la montée du col, je le vois partir sans pouvoir le suivre, pas grave, je reste dans mon rythme, il reste encore 40 km, ce n'est pas gagné. Les chemins vers le col de Tracens, seront assez compliqués, une succession de petits passages, que je prends pour le col à chaque fois, je regarde l'altimètre, zut il manque 200m, ce n'est pas là, ça redescend, ça remonte, zut il manque 100m d'altitude, ce n'est pas là, ainsi de suite sur environ 6 Km, rhaaaa je n'en peux plus de ces cailloux, il se met à pleuvoir, j'enfile la veste de pluie, et enfin je vois le col de Tracens, ce coup-ci c'est le bon, et bing passage à 2463m et toujours de la caillasse !

J'attaque la descente vers le point d'eau de la Cabane d'Aygues-Cluses, je glisse sur une pierre, coince mon bâton droit entre 2 cailloux, me rattrape sur le coude gauche, la douleur remonte jusqu'à ma casquette et j'entends le craaaaac de mon bâton droit, ********** ******* ** ****** **** *********  ****!!!!* ****!!!*!****!!!!!!*******!!!!  (partie censurée par la correctrice) Je me relève, range mon bâton cassé, encore quelques centaines de mètres, et arrive enfin à la cabane, un plein d'eau et je continue.


Cabane d'Aygues Cluses – Restaurant Merlans : 108 Km / 6884m D+

Je suis maintenant et enfin sur la partie commune des 3 parcours, j'attaque le dernier morceau de choix la Hourquette Nère (2465m) au km 100, que je renommerai affectueusement pendant la course HOURQUETTE TA MERE !!!

Il y a un peu d'animation maintenant, les coureurs du 80 km me doublent, on s'encourage, se souhaite bon courage pour la fin, l'esprit trail est avec nous !

Passage au sommet à 14H59', la prochaine barrière est à 21H00 il me reste 7H00 pour arriver à Merlans, je suis "large". A part la descente de la Hourquette Nère, je connais toute la fin de parcours (identique à mes 2 participations au 80 km en 2012 et 2013), le point noir se trouve le long du vallon de Port-Bielh à travers la Pinède de Bastanet.

Un "chemin" défoncé, de racines, de cailloux, j'ai les quadris en feu, toujours mal au talon gauche et un seul bâton pour m'aider en descente, pas top ! Enfin j'arrive sur le GR du Col du Portet, toujours en montant, mais roulant et enfin le dernier ravito au restaurant Merlans.

 

Restaurant Merlans – Vielle Aure : 120,8 Km / 7061m D+

Pointage à 17h13', je fais un "Gaz and Go", ravito express et hop j'attaque le col de Portet, assez facile en remontant les pistes de ski, arrive en haut sur le parking des pistes, je me retourne, au loin le ciel est tout noir, les 1ere gouttes arrivent, faut pas que je traîne. J'enfile la veste et commence les 12 km de descente. Je trottine dès le début et bizarrement j'ai moins mal aux cuisses en courant, c'est bon signe. 

Au bout de 500m de je rejoins Christian, nous regardons l'heure, nous pouvons passer sous la barre des 35H, si nous gardons ce rythme. C'est parti, la descente se passe plutôt facilement, de la piste assez large, des passages en sous-bois, encore au sec malgré la pluie, nous voilà à Vignec, dernier kilomètre, il se met vraiment à pleuvoir, nous entrons enfin dans Vielle Aure, le public est présent, ça applaudit, ça encourage, j'ai les poils tout d'bout sur les bras.

L'orage éclate quand nous passons la ligne, il tombe des cordes, mais j'ai une BANANE !!! Nous nous félicitons avec Christian pour cette course quasi commune, finit en 34H36'10" (199eme sur les 257 classés, presque 55% d'abandon, 7061m D+).

Retour à l'hôtel sous un déluge, j'ai une pensée pour les copains encore dans la montagne. Nous apprendrons rapidement que les 3 courses sont arrêtées à cause des orages, tous les coureurs seront rapatriés dans la soirée. Fin du GRP 2015.

Cette course du Tour des Cirques est très exigeante, mais les paysages traversés se méritent, aussi beaux à voir que difficiles à atteindre !

 

Un GRAND MERCI à toute la troupe Trail Raid Aventure pour l'organisation VIP et l'ambiance de ce séjour Pyrénéen.
MERCI à ma moitié pour les encouragements, et d'avoir supporté les quelques mois de prépa…
MERCI à tous ceux (famille, amis...) qui m'ont suivi, encouragé, sur les réseaux sociaux ou par SMS, y'a des moments ou ça fait vraiment du bien !
MERCI à toute l'organisation du GRP toujours au top, bénévoles géniaux, balisage tip top, du bonheur !
MERCI à Casal-Running.com pour l'équipement.