Mon aventure (presque) Ironman dans le Lot

Participer à un triathlon XXL dans le Lot, au cœur du magnifique village de Saint-Cirq Lapopie, c’est un défi hors norme.
Entre natation glaciale, vélo exigeant et marathon perturbé par l’estomac, voici mon récit d’une course pas comme les autres.

🏊 La natation : un combat contre le courant et le froid

Bon, bah voilà, je ne suis pas un “Ironman”. Au moins, les choses sont simples, mais l’histoire est plus compliquée que ça…

Arrivé le jeudi dans le Lot, je m’en vais faire dès le vendredi matin un petit déblocage classique de veille de course. Temps frais, un peu de brouillard, l’aller-retour sur les 15 premiers kilomètres du parcours vélo et la reconnaissance du parcours tout en grimpette dans les rues de St Cirq Lapopie se passe très bien, bonnes jambes, bonnes sensations, moral au beau fixe !

Samedi 5:00, tout le monde debout, un coup d’œil par la fenêtre : on ne voit pas à 100m tellement le brouillard est présent. Arrivé sur le parc vélo vers 6:20, le compteur vélo affiche 6° 🥶
Je m’installe, pose les sacs de transition sur les racks. Avec mon n°3, je suis juste à l’entrée du parc à côté des arbitres de la fédé. Vers 6 :30 un des arbitres revient de mesurer l’eau et l’air, et il annonce une température de 12,6 °C.

Petit rappel du règlement (article 15.2), il s’agit d’une moyenne entre la température de l’air et de l’eau. Ce matin-là , l’eau est à 15,9°C et (d’après l’arbitre) l’air à 9°C, soit une moyenne tropicale de 12,6°C. Inférieure à 12°C, on annule la natation, entre 12°C et 14° on passe à 750m au lieu des 3800m pour des raisons de sécurité. L’arbitre principal rigole sur le fait d’avoir échappé de peu à l’annulation et annonce fièrement que nous allons faire la totalité de la nage… Les arbitres appliquent le règlement vraiment quand cela les arrange.

Bref, à 6:50, me voilà pieds nus dans une herbe trempée à grelotter en attendant le départ prévu à 7:00.
À 6 : 55, le speaker annonce un départ différé à 7:30 pour des raisons de sécurité, car avec le brouillard, il est difficile d’y voir sur le Lot… J’ai également l’impression que le courant est beaucoup plus fort que ce que j’ai vu la veille.

7:30 après 10mn de violon, pour nous endormir, le départ est donné, environ 150 pingouins se jettent dans le Lot, et là, je me rends vite compte que ça va être très compliqué, je passe à gauche du pilier du point après le départ, je pars vers la droite pour longer la berge et je me retrouve plaqué contre le pilier du pont, je fais une poussée comme en piscine pour me dégager de là, et je prends mon rythme…


Je nage, je nage, je nage, sans repère de temps, de distance, première bouée, le paysage à ma gauche défile, 2ᵉ bouée, j’avance toujours. A la 3ᵉ bouée j’essaie de jeter un œil à ma montre, j’aperçois 0:41:30 et 1850m, ok, ça correspond à mes prévisions, je ne suis pas loin d’une bouée et je demande au secouriste sur le paddel a côté de moi si c’est la bouée du demi-tour, il me dit “Non, elle est plus loin« . Je ne vois aucune bouée au loin, je continue. Après un temps totalement indéterminé, un jet vient vers moi et m’annonce “Sois tu fais demi ici et tu finis la nat’ et tu seras hors délais, soit tu reviens en jet et tu auras peut-être le temps de prendre le vélo avant le cut mais tu seras mis hors course”. 🤷‍♂️


Là, je ne comprends plus rien, je traverse le Lot, m’arrête, repars, m’arrête et rejoint le jet. Une fois sur le jet je regarde ma montre et là, c’est le choc : 2:13:30 et 1950m. Ça fait plus de 2 heures que je nage non-stop à contre-courant et je ne suis pas à la moitié de la partie natation. Les filles sur le jet m’annoncent que le cut a été rallongé pour éviter trop de « hors course » et que j’ai encore à peine 10mn. Arrivé sur la rive, je passe l’arche, parle à mes parents sur le côté de la zone de transition. Ils me diront plus tard qu’ils n’ont pas compris un mot de ce que j’ai raconté…. Je suis dans un état lamentable, plus de 2H de natation dans une eau à 15°, sans manger, sans boire, ça use le bonhomme…Je ne sais pas si je continue, j’arrête. Il y aura un peu plus de 15% de concurrents hors course juste sur la natation, du jamais vu ! Nous aurons confirmation plus tard dans le week end que le barrage situé en amont à bien relâché de l’eau dans la nuit du vendredi au samedi…

🚴 Le vélo : 180 km de paysages superbes

J’arrive dans le parc à vélo, le speaker annonce moins de 5mn pour le cut. Presque machinalement, j’enlève la combi, prends mes affaires de vélo, la bénévole à côté de moi m’informe qu’elle s’occupe de mes affaires à ranger. Je prends ce que j’ai besoin sous le bras et sors du parc vélo à 10:29 pour un cut à 10:30. Je pose le vélo et prends le temps de manger un peu et de finir de m’habiller. La décision est prise, même si je suis hors course, j’ai la possibilité de continuer et de voir si je suis capable d’enchaîner le 180 km de vélo avec 2000m de D+.

Le début du vélo commence dès la sortie du parc de transition, par la côte de St Cirq Lapopie : 2 km à 7%. Heureusement que j’ai fait la reco la veille. Je suis en mode pilotage automatique, je ne me rappelle quasiment pas des 10 premiers kilomètres de vélo. Puis le soleil arrive timidement, réchauffe un peu la carcasse, je retrouve mes esprits et je prends mon rythme, je fais comme si j’étais en course. Les routes sont magnifiques, aux pieds des falaises en bordure du Lot, des tunnels, des arches creusées dans la roche.

Le parcours est assez exigeant, avec des longs faux plats, une route un peu cabossée, mais le paysage est tellement joli que ça compense. Je finis mon premier tour en 3:22, j’avais prévu 7:00 pour les 182 km, je suis dans mon plan.

Étrangement, je vais très bien, pas de douleurs, les jambes répondent, je m’éclate sur le 2e tour, remonte pas mal de coureurs, discute avec certains, avec mes parents au ravitaillement. Fin du vélo en 7:10, avec les arrêts, les pauses pipi, plutôt très content de cette partie vélo, surtout que j’arrive sur le parc, en très bon état, surtout comparé au départ en mode zombie….

🏃 La course à pied : quand l’estomac dit stop

Je pose le vélo, attrape mon sac de course à pied, me change et me voilà partie pour la dernière épreuve. Le parcours est un aller/retour sur le chemin de halage avec uniquement un  passage dans St Cirq à la fin de la première des quatres boucles. Le rythme est correct, mais surtout je n’ai mal nul part, je me freine d’ailleurs un peu sur le début de parcours, la route est encore longue.

Fin de la première boucle, on attaque l’aller-retour jusqu’en haut du village ( 1km avec environ 90m de D+). Je monte tout en trottinant, et redescend en profitant de mon expérience de trailer dans les rues pavées, tout va BIEN ! Passage par la zone d’arrivée, j’attaque le deuxième tour, un p’tit coucou à mes parents en passant et direction Bouzies.

Ça commence à se gâter, l’estomac se rappelle à mes bons souvenirs, ca gargouille, quelques borborygmes, je sais d’avance comment ça va finir, depuis le temps, je me connais. Je marche sur les 2 derniers km, en passant dans la zone de départ, je lâche mon dossard aux arbitres. Le temps de récupérer mes affaires et mon vélo, je sors du parc et là je vomis plusieurs fois, jusqu’à m’en retourner l’estomac.

🎯 Bilan : pas Ironman… mais presque !

Physiquement et mentalement, j’étais solide. Le point noir reste mon estomac. 

Je n’ai aucun regret sur cette journée, j’ai validé plein de choses, ma préparation qui m’a permis d’enchainer 2h15 de natation compliquée, 7h10 de vélo et un peu plus de 2 heures de course à pied sans problème, avec la même envie. Même si officiellement je n’ai pas la médaille de finisher en termes de parcours et timing j’ai quasiment bouclé l’objectif.

Pour la suite il me reste à ajuster quelques bricoles, régler mes problèmes d’estomac passé 2h de course à pied. En y réfléchissant, sur les 5 formats L bouclés jusqu’à présent, avec un semi entre 1:45 et 2:20, j’ai vomi à l’arrivée de 4. Ce qui correspond presque au moment où j’ai été malade sur la fin de course, il se passe un truc au bout de 1h45, 2h sur la course à pied, le changement d’alimentation, hydratation, entré vélo et course ou le changement d’effort avec la fatigue. 

« L’expérience est l’addition de nos erreurs » O.Wilde

A moi d’éclaircir tout ça pour le prochain, car bien sûr il y a aura une prochaine tentative sur format, pas en 2026, mais surement en 2027 et pas en rivière !!!


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